mardi 10 août 2010

Une distinction dans la tradition de la lignée familiale

Une distinction dans la tradition de la lignée familiale

Claude Cohen-Tannoudji, physicien français qui a reçu en 1996 la médaille d'or du CNRS, qui est Prix Nobel de physique de 1997 et qui occupe depuis 1973 la chaire de physique atomique et moléculaire au Collège de France a été promu dernièrement à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur.

Alors que l’on fête cette année les 50 ans de la fabuleuse découverte du laser, Claude Cohen-Tannoudji, sollicité par les Médias, a ces jours derniers expliqué amplement et clairement combien le laser a pu faire avancer la recherche en physique fondamentale et appliqué, révolutionnant littéralement notre vie quotidienne. Rappelons que c’est en 1917, dans un article sur la théorie quantique du rayonnement, qu’Albert Einstein énonce la théorie de l’émission stimulée. Théorie qu’utilisa l’Américain Theodore Maiman pour fabriquer et faire fonctionner le premier laser le 16 mai 1960

Elevé selon les préceptes fondamentaux de la tradition juive: apprendre, étudier, partager son savoir, Claude Cohen-Tannoudji est sorti ces jours-ci de sa réserve et de ses gonds: «déconcerté» par l'appel de ses pairs à un «moratoire sur les relations scientifiques et culturelles avec Israël», il a tenté de les rappeler à la raison en leur démontrant l'«absurdité» de leur démarche.

Sans nul doute une grande figure de plus dans la lignée de la famille Cohen Tanudji que Hida ,(le rabbin et émissaire de Hébron, Haïm Yossef David Azoulaï) qui a rencontré, à Tunis en 1773, beaucoup de membres de la famille Cohen-Tanugi et en particulier le Caïd Yeoushua, parle longuement de cette famille affirmant : « J'ai entendu dire qu'il y a fort longtemps, un certain Cohen de la ville de Tanger s'est installé à Tunis, et c'est lui l'ancêtre des Tannudji [...] Et jusqu’à présent, c’est une grande famille, hors du commun et de grande lignée, dans la ville de Tunis ».

En effet la famille Cohen-Tanugi possède la singularité d'être la seule à Tunis, qui soit d’origine ibérique, c’est à dire « séfarade », sans être passée par le marranisme des Livournais qui s’y installent à partir du XVIe siècle. Ses membres n’ont nullement été marranes puisque probablement partis d’Espagne pour Tanger en 1391, avant les conversions forcées en Espagne et au Portugal.

Notre ancêtre commun, le rabbin Yismaël Cohen-Tanudji qui vécut au 16ème siècle s'était lui déjà distingue en 1555 en publiant un ouvrage,"Sépher Hazikaron", qui a déclanché un changement historique fondamental du Judaïsme tunisien. En effet cet ouvrage consistait en une exégèse concise et claire du Talmud . L’ordre des traités y est conservé; mais il en extrait, avec concision, les thèmes majeurs de la Halakha et cela à l'usage "des travailleurs qui ne peuvent consacrer qu'un temps limité à l'étude de la Torah " comme indiqué dans la préface de l’ouvrage .
Cette œuvre publiée à Ferrare en 1555, republiée en 1974 a été traduite en français et publiée en 2007 par Daniel Cohen de Montréal ,un membre de la lignée.
Pour mesurer l'impacte de cet ouvrage, il faut rappeler que depuis la disparition de la communauté juive de Kairouan, à la suite des invasions Hilaliennes au XIe siècle puis Almohades au XIIe siècle, le Judaïsme tunisien s’était fortement affaibli, la connaissance des textes s'était peu à peu perdue. Aussi, ne trouvait-on pas en Tunisie à la fin du XVe siècle un judaïsme de type rabbinique, et donc talmudique, favorisant la connaissance et l'éducation juive.
Yismaël Cohen Tanoudji arrivé à Tunis á la fin du XVeme siècle y a donc amené avec son ouvrage la tradition séfarade classique basée elle sur la connaissance et l’éducation talmudique largement diffusée.

Une autre grande figure de cette famille est Yeouda Cohen-Tanugi , qui en 1699 fut mandaté par le Bey Morad III à négocier un traité de coopération avec les Etats Généraux de Hollande ,traité signé en 1708.

Un de ses descendants, le rabbin Yeoushoua Cohen-Tanugi (1716-1796 ) fait amplement parler de lui. Il est nommé "Naguide et Caïd"(juge et gouverneur) de la Communauté juive en Tunisie en 1746, alors qu'il n'avait que 30 ans . Tous les témoignages écrits qui nous sont restés y compris bien sûr ceux du rabbin Hida (qui passa plusieurs mois à ses côtés à Tunis) indiquent que " c'était un homme érudit d'une intelligence mordante , riche et puissant qui , par son action, a contribué énormément à élever le statut de ses frères juifs soumis, à l'époque à la pauvreté et aux persécutions." .
A l'âge de 80 ans, en 1796, il décide de "monter" à Jérusalem où il est décédé trois mois après son installation en Eretz-Israël.

Son fils, Moshé Cohen-Tanugi que les chroniques décrivent en termes élogieux comme étant "le Gvir (homme riche et important ) fils du Caïd et descendant de l'Ambassadeur en Hollande" était ,semble-t-il , le trisaïeul de mon grand - père paternel Shalom Cohen-Tanudji (1855-1931) qui hérita de son père Moshé ( arrière petit fils du sus dit "Gvir" Moshé ) d' une fortune importante.
Shalom que l'on surnommait "Cohen l’ahmar", (étant rouquin aux yeux bleus) avait été parmi ceux qui accueillirent avec enthousiasme le Protectorat français en Tunisie. Encouragé par son père il s’inscrit à l'Ecole des Frères pour y apprendre le français.
.Il fit construire dans le quartier moderne de la ville un Palais luxueux (aujourd'hui "Le Palais des Sociétés françaises" ) pour y loger toute sa famille. A ce propos je me souviens de ma grand-mère Elise ,la femme de Shalom, me racontant, offusquée, la médisance des gens qui faisaient courir le "mensonge " qu'elle chaussait au Palais des "Sabots en Or” , m'expliquant que cela eut été un grave "pécher d'orgueil devant Dieu".

Mais le caractère prodigue de Grand-père Shalom de même que la mort prématurés de son fils aîné ,l’oncle Moshé, qui gérait une partie de cette fortune dans le négoce international de thé, ont fait que cette fortune fut en grande partie dilapidée de son vivant.

Les écrits rappellent de nombreux autres Cohen-Tanugi célèbres, Rabbins, Dayanim, Ecrivains, tous apparentés les uns aux autres et dont les noms ont variés de prononciation au cours du temps et du lieu d’émmigration : Tannoudji , Tanudji ou Tanugi pour la branche restée à Tunis.
La lignée s’est scindée en effet en plusieurs rameaux : Tunis, Constantine, et Livourne, et vie aujourd’hui, principalement en France, en Israël , en Italie et certains au Canada.

A remonter ainsi l'histoire de la famille Cohen Tanugi dont les descendants vivent aujourd’hui en Israël, on ne peut s'empêcher de penser à une "Grande Boucle" qui se serait refermée …. Certains descendants d'un Cohen, chassé de Jérusalem en ruine il y a deux mille ans,…se réinstallent en Israël et participent à sa reconstruction !

Dr Zvi Tenney (Cohen Tanugi)
Ambassador of Israel (ret)

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