vendredi 22 janvier 2010

Le refus palestinien de reprendre les négociations de paix

Le refus palestinien de reprendre les négociations de paix

Dans une interview au “Figaro” (du 5/1/10) intitulée “Un État palestinien est devenu impossible”, Sari Nusseibeh, cet intellectuel palestinien de premier rang, a fait preuve d’une franchise peu commune en se référant à la raison de l’échec du processus de paix, précisant : ”Nous avons échoué, c'est vrai, en partie à cause de notre incapacité à négocier ou à comprendre la négociation…”. Sans doute une façon d’indiquer que les négociateurs palestiniens n’ont, au fond, jamais été intéressés par la création d’un Etat palestinien vivant pacifiquement aux côtés d’Israël mais par des structures et un processus qui puissent aboutir à la longue à la destruction d’Israël.
En effet on entend souvent dire, que chacun sait quels sont les paramètres du futur accord de paix entre Israël et les Palestiniens à savoir: l'établissement d'un État palestinien sur la totalité de la Bande de Gaza et de la Judée-Samarie , le partage de Jérusalem, et la renonciation palestinienne au “droit au retour” avec cependant l'acceptation par Israël d'un nombre symbolique de réfugiés palestiniens. Si tel est le cas, comment se fait-il que les Palestiniens aient rejeté cette solution à trois reprises?
À Camp David, en juillet 2000, Ehud Barak accepta l'établissement d'un État palestinien sur la totalité de la Bande de Gaza, sur 91% de la Judée-Samarie.
En décembre 2000, le Président Clinton soumit à Israël et aux Palestiniens un plan de paix prévoyant l'établissement d'un État palestinien sur la totalité de la Bande de Gaza et sur 95% de la Judée-Samarie avec une compensation territoriale israélienne.
En novembre 2008, le Premier Ministre israélien Ehud Olmert proposa à Mahmoud Abbas l'établissement d'un État palestinien sur la totalité de la Bande de Gaza, sur 97% de la Judée-Samarie avec une compensation territoriale israélienne de 3%, l'internationalisation de Jérusalem, et l'acceptation par Israël d'un millier de réfugiés palestiniens.
Mahmoud Abbas non seulement rejeta l'offre, mais déclara au Washington Post en mai 2009 que la proposition d'Éhud Olmert montre à quel point le fossé entre Israël et les Palestiniens reste "énorme."L'énormité de ce fossé n’est, sans doute autre, que le rejet israélien de ce "droit au retour" des réfugiés qui mettrait fin à son existence comme Etat nation du peuple juif.
A ce propos Nusseibeh déclare au “Figaro”: “Le dernier plan que j'ai proposé est une lettre que j'ai envoyée il y a six mois à Obama et à George Mitchell. Je leur propose d'arrêter immédiatement des négociations devenues inutiles : toutes les questions ont été plus ou moins réglées, ne restent que les points insolubles”.Il est clair, là encore, qu’il fait allusion, en tout premier lieu, à l’exigence palestinienne du “droit du retour” des réfugiés en Israël.
Ne serait-ce pas là la réaction palestinienne à la déclaration officielle, claire et nette du Premier Ministre israélien en juin 2009 à l’Université de Bar-Ilan, selon laquelle il acceptait l'établissement d'un État palestinien, à deux conditions que ce dernier soit démilitarisé, et que les Palestiniens reconnaissent Israël comme État juif? Autrement dit une solution de deux États pour deux Nations, un État nation pour les Juifs israéliens et un État nation pour les Arabes palestiniens. Dans ces conditions le “droit du retour”,cette arme démographique pour la destruction d’Israël, ne pourrait évidemment pas être appliqué .
Ceci d’autant plus que les Palestiniens n’ont, semble-t-il, pas réussi à délégitimer le concept même “d'État juif”, tentant de convaincre le monde occidental que l'idée d'un État juif est raciste, discriminatoire et anti-démocratique, et qu'Israël devrait être un "État de tous ses citoyens."Cet argument, en effet, ne pouvait convaincre l’opinion publique surtout en Europe. Israël étant à la fois un État juif et un État démocratique pour tous ses citoyens, de la même manière que les pays européens sont des Etats Nations et des Etats pour tous leurs citoyens.
Comme la plupart des pays européens, Israël est donc un Etat Nation. C'est-à-dire un État qui incarne l'identité et la liberté nationales d'un peuple. En France, par exemple, la langue officielle est le français; les fêtes nationales sont les fêtes catholiques et les dates qui commémorent des événements importants de l'Histoire de France; le drapeau tricolore et la Marseillaise sont des symboles de la Révolution française et ils expriment l'indépendance du peuple français
Il en va de même pour Israël, le peuple juif y constitue une majorité, il se gouverne lui-même, l'Hébreu est la langue nationale, les fêtes juives sont des fêtes nationales, et les symboles nationaux tels que le drapeau et l'hymne expriment l'indépendance du peuple juif. Cela n’empêche pas l'Etat nation juif d’être également un État démocratique où tous ses citoyens. juifs ou non, jouissent des mêmes droits civiques
Alors quelle perspective reste-t-il aux Palestiniens pour aboutir à leur fin ? On entend de plus en plus de dirigeants palestiniens parler “d’annexion” des territoires palestiniens par Israël pour former un seul pays pour les deux peuples avec l’espoir que là aussi l’arme démographique ferait à la longue son effet.
C’est ainsi que Sari Nusseibeh déclare à la fin de son interview au “Figaro”: “Ma prochaine proposition sera de demander à Israël de nous annexer….”
Mais annexion pour annexion, n’eut-t-il pas été plus logique pour la stabilité et la prospérité de la région et de tous ses habitants que cette annexion se fasse plus naturellement par la Jordanie et l’Egypte ? Mais voilà dans ce cas l’objectif primordial du conflit, la destruction d’Israël, ne serait pas atteint. Accepter cette annexion au sein du monde arabe nessécite un réalisme que même les plus “modérés” parmi les Palestiniens n’ont pas encore atteint….Et pour cause, l’opinion publique occidentale avec son analyse erronée des véritables causes du conflit, ne les encourage guère à cela.
Z.T.
Dr. Zvi TenneyAmbassador of Israel (ret)www.zvitenney.info