mercredi 29 juillet 2009

La solution du conflit passe par la lucidite

A l’attention de l’Ambassade de France en Israël

Messieurs

Lors d’une conférence de presse le 21 juillet dernier, le Ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, après avoir critiqué la politique de “colonisation” d’Israël, affirmait :
“….Pour le reste, nous sommes très en contact avec nos amis israéliens et nos amis palestiniens, et ce n’est pas une clause de style, ce n’est pas une manière de parler diplomatique, ce sont nos amis des deux côtés. Est-ce que c’est possible ? Cela doit l’être.”

Puisqu’il ne s’agit pas d’une simple “formule diplomatique”, j’aimerais, par votre aimable intermédiaire, poser à M. Kouchner la question suivante :
Comment les Palestiniens peuvent-ils être “les amis de la France” alors que leur objectif stratégique, déclaré ou insidieux, est la destruction d’Israël, un pays qui est, à ses dires, également “l’ami de la France" ?

Est-il possible que M. Kouchner ne croit vraiment pas que l’objectif des Palestiniens soit la destruction d’Israël ? Est-il possible qu'il fasse ainsi fi de l'opinion contraire des spécialistes du Proche –Orient à l’ IFRI ou dans son propre Ministère, comme par exemple l’Ambassadeur Alain de Jamet, qui après la signature de l’Accord d’Oslo, nous avait conseillé, “de ne pas trop nous fier à cet Accord, les Palestiniens ne reconnaissant pas le fait israélien ”.?

Est-ce vraiment une contribution à la paix dans notre région que de jouer ainsi la "politique de l'autruche" en voulant ignorer la cause fondamentale du conflit palestino-israélien, à savoir, le refus palestinien de l'existence même d'Israël ?

Ci-joint une étude sur la question publiée ces jours-ci par le Centre Begin –Sadate, qui pourrait, sans doute,être de quelque utilité dans ce débat.

Respectueuses salutations

Dr. Zvi TenneyAmbassador of Israel (ret)

lundi 20 juillet 2009

Sur le Sionisme majoritaire en Israel

Perception erronée du Sionisme majoritaire en Israël
Ce n’est ni le Sionisme “sans âme” ni celui “religieux et extrémiste”
(Réaction á une analyse du Prof. Sibony)

L'analyse de Sibony est tout à fait intéressante.Cependant pour ce qui est du Sionisme elle semble s'appliquer surtout au Sionisme de la gauche israélienne (très minoritaire en Israël …. mais bruyante et bien représentée à l'étranger) qui est mise é en épingle par les médias , influençant ainsi fortement les intellectuels juifs de par le monde et surtout en France.

Face à ce Sionisme "sans âme "de ces cercles de gauche ,Sibony oppose les sionistes religieux (les mitnahalims ) qui eux, sont certes conscients des liens profonds avec la Terre d'Israël mais que, selon Sibony ,leur "fétichisme" et leur "extrémisme" rendent peu "sympathiques".

Hors il existe un Sionisme laïque, conscient de ses racines profondes dans l'histoire du peuple en Eretz-Israël . Ben -Gourion ,laïque par excellence , n'a-t-il pas déclaré à la face du monde, que l'Acte de Propriété (Ha kushan ) des juifs sur toute Eretz-Israël était la Bible ?
Ce Sionisme moderne et "réalisateur", majoritaire en Israël ,n'a lui aucun complexe de culpabilité face à la présentation sélective sur les écrans de TV de la lutte de self-défense qu'il est obligé de mener avec détermination. .Ce Sionisme a les mêmes réactions que les Américains face aux "bavures " regrettables mais hélas inévitables dans toute guerre..

Ces cercles sionistes (dont je suis fier d'appartenir ) puisent leur raison d'être dans le Sionismes "messianique " de leurs ancêtres bien avant la Shoa . Ils ne se sentent, par là même, ni "victimes" ni "bourreaux" mais simplement réalistes de la difficulté de réaliser leurs aspirations face aux refus persistant des Arabes de reconnaître le droit du peuple juif sur la moindre parcelle de Eretz-Israël.

Ce Sionisme que Sibony n'évoque pas dans son Analyse est pourtant le principal élément de la politique israélienne .Ce Sionisme sait qu'il s'imposera dans la région de par ses profondes racines dans cette Terre d' Israël , de par sa détermination inébranlable ,sa vitalité morale , culturelle ,social, économique et technologique et si nécessaire par sa force militaire dissuasive ….et aussi ,et ce n'est pas le moindre , grâce à la Alya (qui si elle était plus vigoureuse ,aurait réglé les problèmes démographiques sur lesquelles les arabes basent leurs "espoirs").

Le problème est que les médias de par le monde ne sont pas enclins à donner écho à ce Sionisme qui ne craint pas d'appeler "un chat …un chat" sans complexe aucun en mettant le doigt sur les véritables racines du conflit Israélo-palestinien . Racines qui ne sont ni la "barbarie" de " l'occupation" israélienne ,ni les "violations" des droits de l'homme, ni la présence d'implantations… mais tout simplement le refus arabe d'admettre l'existence d'une entité juive dans la Palestine mandataire qui pourtant a été établit par l'Assemblée des Nation en Août 1922 "afin de servir de Foyer National juif et cela en vertu des liens historiques et spirituels du peuple juif avec cette partie du Proche Orient " ….Alors il n'est pas étonnant qu'en France, on n'entende parler que de ce Sionisme frileux ,honteux et complexé auquel se réfère Sibony.
Voilà donc les quelques remarques qui me sont venues à l'esprit , j'ai été un peu long et je m'en excuse.

Dr.Zvi Tenney
Ambassador of Israel (ret)
http://www.zvitenney.info/

samedi 18 juillet 2009

Le véritable obstacle à la paix

Le véritable obstacle à la paix


Déclarer haut et fort que le conflit palestino-israélien ne peut être résolu sans, d’abord et avant tout, le gel, voir le démantèlement des implantations israéliennes en Judée-Samarie est certes “caresser les Arabes dans le sens du poil “, mais c’est là une affirmation gratuite qui n'a aucun fondement dans la longue histoire de ce conflit et par la même ne peut en rien contribuer à l’amorce de sa solution, bien au contraire.
Voir pour exemple, s’il en été besoin, l’aggravation de l’hostilité de la bande de Gaza justement après que toutes les colonies y aient été démantelées. Et surtout, faut-il le rappeler, ce conflit existait et était aussi virulent, sinon plus, bien avant 1967 quand commencèrent à se créer les premières implantations en Judée- Samarie.

Une véritable contribution à un processus de paix se doit de passer par une définition claire et sans ambages de la raison fondamentale du conflit, à savoir le refus de l'existence même d'Israël, refus déclaré ouvertement (celui du Hamas) ou insidieux (comme celui du Fatah),.
N'est-Il pas de notoriété publique que poser correctement les données d’un problème, aussi complexe soit-il, est la condition primordiale de pouvoir s’acheminer vers sa solution?

Il eut donc été plus utile pour la paix qu’Obama et les pays occidentaux en général qui désirent contribuer véritablement à l’avènement de la paix dans notre région, mettent en premier lieu les Palestiniens devant la responsabilité fondamentale qu’ils assument dans ce conflit, en exigeant d’eux un radical changement d’attitude, étayé par des faits, face à l’existence d’un Etat juif dans la région.
Il eut même été opportun qu’ils fassent comprendre aux Palestiniens que tant que leur refus de l’existence d’Israël sera évident, il n’y a aucune chance que prenne fin la construction d’implantations israéliennes en Judée-Samarie. Et de leur rappeler ce que le Roi de Jordanie déclarait à ce propos il y a quelques mois, á savoir: “Si les Palestiniens persistent dans leur refus de l'existence d'Israël, il ne leur restera pas, à la longue, assez de Terre pour créer leur Etat”.
Signalons à ce propos le fait, que nombreux semblent vouloir ignorer, à savoir que ces implantations sont construites pour leur très grande majorité, non pas sur des “terrains privés palestiniens”, mais sur des “terres domaniales” dont la gestion, selon la juridiction internationale, est du ressort des autorités publiques. Ces “terres domaniales” n’ont donc jamais appartenus aux Palestiniens puisque après l’expulsion des Juifs de ces territoires par les Romains, leurs propriétaires étaient, tour à tour, les occupants du moment, autrement dit, pour ce qui est de ces derniers siècles, les Turques, les Britanniques, les Jordaniens et depuis 1967, les Israéliens.
Il faut bien comprendre que tant que prévaudra une analyse superficielle et stéréotypée du conflit,il n'y a aucune chance que les Palestiniens arrivent à une attitude réaliste concernant la présence incontournable d'Israël dans la région, attitude réaliste qui seule pourrait permettre de s'acheminer vers une solution pacifique de ce conflit.
N’avons-nous pas un exemple heureux des effets positifs du réalisme de l’Egypte après la guerre de Kippour bien que dans les années 50,elle ne cessait de déclarer vouloir “jeter les juifs à la mer et rayer Israël de la carte?”

Dr. Zvi Tenney
Ambassador of Israel (ret)

mercredi 15 juillet 2009

L’Europe face au conflit arabo- israélien,

L’Europe face au conflit arabo- israélien,
Un manque de discernement chronique.
Par
Zvi Tenney

L’écart entre le désir déclaré de l’Europe de jouer un rôle prépondérant dans l’établissement de la paix au Proche-Orient et son manque de discernement chronique concernant les véritables racines du conflit arabo- israélien est de notoriété publique.

Cela fut spécialement choquant après la signature de l’Accord de paix entre l’Egypte et Israël en mars 1979. Au lieu de se féliciter du fait que l’Egypte, reconnaissant en fin le droit à l’existence de l’Etat d’Israël, a signé avec lui un accord de paix. l’Europe n’a rien trouvé de mieux que d'adopter la Déclaration de Venise de juin 1980 où il était dit entre autre :

“Les chefs d’État et de gouvernement et les ministres des Affaires étrangères ont eu un échange de vues approfondi sur la situation actuelle au Moyen-Orient dans tous ses éléments, y compris l’état des négociations résultant des accords signés entre l’Égypte et Israël en mars 1979. Ils sont convenus que les tensions croissantes qui affectent cette région constituent un danger sérieux et rendent plus nécessaire et plus urgente que jamais une solution globale du conflit israélo-arabe”

Autrement dit au lieu d’un appel à suivre l’exemple égyptien, un support indirect au reste du monde arabe qui continuait à refuser l’existence d’Israël et qui condamnait l’Accord signé entre l’Egypte et Israël.

Cet aveuglement regrettable s’est poursuivi depuis, témoignant d’une position qui se refuse obstinément à se laisser influencer par les annoncés véritables du conflit *. C’est ainsi qu’Il y a quelques jours, à la veille de la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale israélienne, Javier Solana, Haut Représentant pour la PESC, a prévenu, que “si le prochain gouvernement israélien ne soutenait pas la solution à deux Etats, l’UE se comporterait “très différemment” vis-à-vis de l’Etat hébreu”.

Cela comme pour dire que devait se poursuivre le “succès” des gouvernements précédents qui, des années durant, ont soutenu la “solution à deux Etats”. Il n’est pas encore venu à l’esprit de l’Europe de se poser la question pourquoi depuis Oslo jusqu'à Annapolis, toutes les tentatives de mettre en route cette « solution à deux Etats” ont échoué.

Pour des raisons difficiles à comprendre, le refus palestinien, (Hamas et Fatah confondus), à l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif dans la région, ne pose pas, semble-t-il, problème pour l’Europe. Elle s’entête à croire que cette situation basique ne peut empêcher une solution pacifique au point de se refuser de sonder d’autres voies pour essayer d'y arriver vraiment

C’est ainsi qu’aujourd’hui l’Europe repousse à priori la proposition de Nétanyaou d’œuvrer, à ce stade, pour une solution de paix régionale avec un effort particulier de développement économique visant en premier lieu à l'amélioration des conditions de vie des Palestiniens. Ceci avec l’espoir que les Palestiniens jouissant d’une situation économique confortable, pourraient à la longue, être influencés par le réalisme de l’Egypte et de la Jordanie avec qui Israël est lié par un pacte de coexistence pacifique.

Il est regrettable qu’à la veille de la prise de pouvoir du nouveau gouvernement israélien, l’UE ne s’aligne pas sur la position du ministre français des Affaires Etrangères,Bernard Kouchner ,qui a appelé à ne pas faire d'ostracisme: "Il faudra, et je souhaite qu'il soit le plus ouvert possible, travailler avec le gouvernement israélien", et d’ajouter : "Ne nous contentons pas de rejeter les interlocuteurs qui se présentent, sinon nous n'aurons plus d'interlocuteurs".

Z.T.

Dr.Zvi Tenney Ambassador of Israel (ret)

*A ce propos je me dois de signaler pourtant qu’après l’Accord d’Oslo en 1993, l’Ambassadeur Alain de Jamet alors Sous-secrétaire général du Quai d”Orsay, (après un poste en Egypte), nous avait conseillé,“de ne pas trop se fier à cet Accord et à la poignée de main entre Rabin et Arafat, les Arabes ne reconnaissant pas encore le fait israélien”.

vendredi 10 juillet 2009

Les racines du conflit arabo-israélien

Quelques repères historiques pour mieux comprendre

Par Zvi Tenney

La présence du peuple d’Israël en Palestine,Terre de Canaan,remonte pour le moins à 1200 av.J-C et sa souveraineté sur cette Terre date de l’établissement du Royaume d’Israël en 1005 environ av.

J-C.

Pour ceux que le récit biblique laisse sceptiques, on rappellera que ce sont là des faits attestés également par des vestiges archéologiques, tels, entre autres, que la stèle du Pharaon Méneptah datée de 1207 av. J-C., ou celle de Mesha, roi de Moab, datée de 830 av. J-C ,ou encore celle de Tell Dan datée du 9eme siècle av. J-C.

Dans tous ces témoignages archéologiques, et dans bien d’autres, il est fait mention, comme dans la Bible, d’Israël parmi les Etats de cette région, avec ses rois et ses combats, pratiquant la même religion et parlant la même langue qu’aujourd’hui.

La destruction du Premier Temple par les Babyloniens en 586 av. J-C. et celle du Second Temple par les Romains en l'an 70 de notre ère, ne mirent pas fin à la présence juive en Terre d'Israël.

Depuis, la reconquête du pays devint l'aspiration suprême du peuple juif dispersé. Le "retour à Sion” est resté le fervent souhait exprimé dans les prières quotidiennes et à l’occasion de toute célébration nationale ou même familiale ( la formule de condoléances: “Puisse la reconstruction de Jérusalem t’apporter réconfort “ ou la déclaration solennelle du marié durant la cérémonie de ses noces “de ne jamais oublier Jérusalem…et de la placer au sommet de toutes ses joies. étant caractéristiques de cet état d’esprit ).

Après l'invasion arabe, en 636, les juifs devinrent certes, pour la première fois, minorité dans leur propre pays. Mais au XVIIe siècle déjà, la population juive se renforça à la suite de l'immigration provoquée par le faux messie Shabbtai Zvi, de sorte que dès 1868 les juifs constituaient la majorité de la population de Jérusalem.

Avec l'affaiblissement, puis l'effondrement de l'Empire ottoman, les perspectives de “reconquête” de la Terre d'Israël devinrent concrètes. Les espoirs frustrés de la période des Lumières et l’aggravation de manifestations d'antisémitisme en Europe (l’affaire Dreyfus étant parmi la plus connue), convainquirent de nombreux juifs et notamment Herzl, de la nécessité d’œuvrer activement pour le retour à Sion.

L'immigration juive en Terre d'Israël, qui s'intensifia dès 1881, contribua à un essor économique sans précédent. Cet essor attira une immigration arabe massive en provenance des autres provinces de l'Empire ottoman.

Avant ces grands mouvements migratoires de la fin du XIXe siècle, la Terre d'Israël, rebaptisée "Palestina” par l'Empire romain pour effacer toute trace du royaume de Judée (faisant référence à la présence des Philistins dans la région côtière des siècles auparavant),était quasiment dépeuplée.”Un désert parsemé de quelques bourgades”, c’est là le témoignage de tous les archéologues, historiens et écrivains qui la visitèrent à l'époque *.

Après la première guerre mondiale, le Proche Orient qui était jusqu’alors sous l’emprise de l’Empire ottoman fut découpé pour créer les pays que nous connaissons aujourd’hui (la Syrie ,le Liban ,l’Irak ) .Pour ce qui était de la Palestine, sur ses deux rives du Jourdain, la Société des Nations (source de la légitimité internationale avant la création de l’ONU ), décida en avril 1920,de la destiner à la création d’un Foyer National Juif “compte tenu des liens historiques du peuple juif avec la Palestine “. Elle fut donc, à cette fin, confiée en Mandat à la Grande Bretagne qui devait mener à bien la mise en application de cette décision.

C’est alors que commencèrent les pressions du monde arabe pour torpiller ce projet : il était impensable pour ce monde arabo-musulman que “les Juifs puissent être souverains en Terre d’Islam” , et qui plus est, en référence à” leurs liens historiques à la Palestine “, liens que ce monde dénie purement et simplement

.Le Temple juif par exemple n’est qu’un “mythe” pour les Arabes, le Coran n’en parle pas l’assimilant à la “Mosquée très éloignée” ( al-Aqsa ). La Mosquée du même nom, construite quelques siècles après la destruction du Temple, en tient donc lieu et place puisque la seule nommée. Cette torsion, ce retournement du temps des événements bibliques sont d’ailleurs fascinants pour tout lecteur non musulman du Coran.

En 1922, à la suite de ces pressions politiques, les Arabes palestiniens se virent octroyer un Etat sur 80 % du territoire de la Palestine mandataire, toute la partie à l’Est du Jourdain qui pris le nom de Jordanie. Le feu roi Hussein lui-même le répétait en toute occasion : "La Jordanie est la Palestine”.

Il ne restait donc pour l’établissement du Foyer National Juif que la partie Ouest de la Palestine, entre le Jourdain et la mer.

Mais les pressions politiques arabes ne cessèrent pas pour autant. Elles devaient s’accompagner désormais d’actes de violences sanglants contre la population juive, le cas le plus tragique étant le pogrom de 1929 contre la population juive de Hébron.

Décimés par la Shoah, les Juifs durent se résigner à une deuxième amputation de leur pays en 1947 : bien que le plan de partage de l'ONU ne leur attribuât que 10 % de la Palestine mandataire, ils acceptèrent le compromis onusien. Mais constants dans leur refus de toute possibilité d’une souveraineté juive, les Arabes le rejetèrent et lancèrent une attaque concertée pour détruire, le minuscule Etat juif qui venait de naître.

Sûres de leur victoire, les armées arabes sommèrent leurs frères palestiniens de quitter leurs maisons en attendant leur imminent et victorieux retour. Ceux qui suivirent ce conseil et ceux qui fuirent les combats menés par Israël pour sa survie, se groupèrent dans des camps de réfugiés dans les pays arabes voisins. Conscient de l’arme politique que constitue la souffrance et la misère de ces réfugiés, le monde arabe s’est refusé à faire quoique ce soit pour améliorer leur sort. Israël pour sa part a donné asile à des centaines de milliers de réfugiés juifs provenant de pays arabes.

A l’issue de cette guerre furent fixées les frontières de cesser le feu de l’Etat d’Israël, l'Egypte s'emparant de la bande de Gaza et la Jordanie de la Judée et de la Samarie rebaptisées "Cisjordanie”.Cette situation durera de 1948 à 1967 mais aucun pays arabe n’accepta pour autant de faire la paix avec Israël. C'est d’ailleurs en 1964, trois ans avant la guerre des six jours, que le Président égyptien, Nasser, créa l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) non pas pour libérer la “Cisjordanie” et la bande de Gaza (alors, comme précisé plus haut, sous occupation jordanienne et Egyptienne), mais pour raser l'Etat juif et le remplacer par une Palestine arabe sous égide égyptienne.

En 1967 l’Egypte pris l’initiative d’une attaque armée contre Israël avec le concours de la Syrie et de la Jordanie dans le but déclaré de le détruire. Israël réussit à contenir cette offensive concertée, repoussant ses attaquants au-delà du Jourdain et des hauteurs du Golan ainsi que de la péninsule du Sinaï.

C’est alors que l’opinion publique occidentale adopta, dans son ensemble, une attitude critique vis-à-vis d’Israël, substituant à l’analyse des racines véritables du conflit, une structure de pensée pertinente aux universaux occidentaux en vogue, à savoir: colonialisme, invasion, occupation, violation des droits de l’homme etc.

Un doigt accusateur était pointé sur Israël ( qui n’avait fait que se défendre contre une attaque qui visait à le détruire), passant sous silence le refus permanent des Arabes de négocier un quelconque accord de paix avec l’Etat juif. Et pourtant, s’il en fallait confirmation, en septembre 1967, le Sommet arabe réuni à Khartoum décidait, officiellement et ouvertement, des fameux trois "NON": non à la négociation, non à la réconciliation et non à la reconnaissance d'Israël.

En 1974, l'OLP approuva le "plan par étapes", autrement dit, accepter dans un premier temps l'établissement d'un Etat palestinien en en “Cisjordanie” et à Gaza pour faciliter la destruction d'Israël.

En 1993, le chef de l’OLP, Arafat signa les accords d'Oslo puis expliqua peu après, dans une mosquée de Johannesburg, que pour lui, Oslo n'était que la répétition du pacte signé entre le prophète Mohammed et la tribu qurayshite en 629 : une trêve (houdna ) signée en position de faiblesse pour mieux vaincre l'ennemi, le temps venu. Rien d’étonnant donc que même Fayçal Husseini, dirigeant palestinien, célébré par les médias pour sa “modération”, ait pu déclarer au journal égyptien,”Al Arabi” du 2 juillet 2001 que les Accords d'Oslo étaient “un cheval de Troie”, destiné à pourvoir les Palestiniens d'une base territoriale pour conduire une guérilla permanente qui devrait aboutir à la création d'un Etat palestinien sur les ruines d'Israël ?

En effet l'Autorité palestinienne qui, en 1995, devint souveraine sur la totalité de la population arabe de Judée-Samarie et de la bande de Gaza, confirma très vite ses véritables intentions : constitution d'une force armée, incitation à la haine anti-juive et délégitimation de l’existence même d’Israël dans les médias et dans les écoles

La propagande arabe n’a pas eu grand mal à convaincre l’opinion publique occidentale que les implantations juives étaient la cause principale du conflit.

Mais voilà, c’est précisément après qu'Ehoud Barak alors premier Ministre se soit engagé en Juillet 2000 à les démanteler, acceptant l'établissement d'un Etat palestinien sur 97 % de la Judée-Samarie et 100 % de la bande de Gaza que les Palestiniens déclenchèrent “l’Intifada al-Aqsa”, une guerre utilisant des bombes humaines explosant dans les concentrations de population civile en Israël….Les Palestiniens ne pouvaient accepter la seule condition posée en contre-partie par Barak : ”La fin du conflit”.

Rien donc d’étonnant que le retrait israélien de la bande de Gaza en Août 2005,ait conforté cette attitude Palestinienne. Le Hamas devenu, faction dominante de la société palestinienne, déclare depuis et avec plus de force que jamais: “le combat continuera jusqu’à la libération de toutes les terres palestiniennes”…et de préciser à chaque occasion :”Les frontières de 1967 ne sont qu’une étape dans notre combat, notre but est toute la Palestine qui est Terre Sainte de l’Islam”.

Bien qu’ayant des formules plus nuancés, les Palestiniens “modérés”,représentés par le Fatah de Mahmoud Abbas, n’en pensent pas moins. Leur exigence du retour de millions de réfugiés palestiniens en Israël étant l’outil démographique choisi pour atteindre ce “but” .

Il est donc clair que c'est ce refus de l'existence même d'Israël qui est la véritable racine du conflit palestino-Israélien. Eric Marty, dans son livre “Bref séjour à Jérusalem”, définit ce refus en ces termes : "L'un des scénarios - et pas le moindre -de la guerre que livrent les Palestiniens aux Israéliens a pour noyau métaphysique l'effacement absolu de l'être juif en tant qu'insupportable rival parce que dépositaire de l'origine."

C’est dire combien ardu semble être le chemin vers une solution pacifique avec les Palestiniens. Il n’est cependant pas démuni, réalisme aidant, de toute ouverture d’espoir.

Les accords de paix avec l’Egypte et la Jordanie sont là pour en témoigner.

Mais pour cela il faudrait que se créent des circonstances qui conduisent également les Arabes palestiniens à une vision réaliste concernant la présence incontournable d’Israël dans la région. Il faudrait surtout qu’ils prennent conscience que la cause de leurs tourments est d’abord et avant tout ce refus” de leurs dirigeants qui, comme le soulignait Abba Eban, “n’ont jamais raté l’occasion de perdre une occasion de s’acheminer vers la paix”.

Ce processus pourrait, sans nul doute, être encouragé et accéléré si, aussi bien en Israël que dans l’opinion publique occidentale, ceux qui s’acharnent à considérer ce conflit comme “une lutte anticolonialiste contre l’occupation et l’oppression”, prenaient enfin conscience des véritables données du conflit et les faisaient valoir en toute occasion, clairement et sans ambages.

N’est-il pas prouvé que c’est là la façon la meilleure de s’acheminer correctement vers la solution de tout problème aussi complexe soit-il ?.

* Voir entre autres le témoignage d'Hadriani Relandi, géographe et philologue, dans son livre “Palestina ex monumentis veteribus illustrata” publié en 1714 où il relate sa visite d'étude en Palestine en 1695.

La réalité qu'il a rencontré était la suivante :un pays quasiment dépeuplé où la population, en majorité juive avec une minorité chrétienne, habitait les villes de Jérusalem, Akko, Safed, Jaffa, Tibériade et Gaza., les Musulmans constituant une infime minorité pour la plupart des bédouins nomades.

En fait leur immigration massive dans ce pays en provenance des autres provinces de l'Empire ottoman a été causée par l'attraction de l'essor économique sans précédent engendrée par l'immigration juive sioniste-pionnière en Terre d'Israël, qui à partir de 1881,commençait à s'intensifier

vendredi 3 juillet 2009

Les conséquences déplorables d’un diagnostic erroné du conflit.

Le sentiment d’échec de l’approche adoptée jusqu’ici pour essayer de trouver une solution au conflit est partagé aujourd’hui par de très nombreux observateurs, et ceci au-delà des positions politiques liées traditionnellement à la question.

Ainsi même “Le Monde”semble être convaincu de cette dernière constatation. Dans son édition du 21/2/09 il publie un article de Gilles Paris intitulé “:L'épuisement de la méthode d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens” où l’on peut lire entre autre les remarques suivantes :

“…Quinze ans après le début du processus de paix d’Oslo fondé sur une politique de "petits pas" et d’échéances rarement respectées, il appartient aux parrains politiques (les Etats-Unis) et financiers (les Européens) de dresser le bilan d'une méthode qui n'a pas produit les résultats escomptés. La possibilité de créer un Etat palestinien à Gaza et en Cisjordanie est maintenant ouvertement discutée, en Israël comme dans les territoires palestiniens…”.
Il est en effet incontestable que la conviction, partagée par les cercles de centre- gauche en Israël, et sur l’arène internationale, qu’une solution au conflit arabo-israélien passe par la création d’un Etat palestinien, a placé Israël sur une trajectoire stratégique qui ne lui a valu jusqu’ici que danger et effusion de sang. Les ennemis d’Israël dans le monde arabe et à leur tête l’Autorité palestinienne, traduisent ,selon toute logique, comme signe de faiblesse l’insistance d’Israël à essayer de s’acheminer sur cette voie dans l’espoir de trouver solution aux problèmes sécuritaires et politiques auxquels il est confronté.
Ainsi toute les mesures qu’Israël a pris pour se concilier ses voisins – depuis les accords d’Oslo avec la reconnaissance de l’OLP et l’accès de Yasser Arafat et de ses hommes armés en Judée, en Samarie et à Gaza ; le retrait unilatérale du Liban en 2000 et de Gaza en 2005 ; les échecs et les lacunes perçus dans la gestion de la Seconde Guerre du Liban en 2006 ; l’adoption d’un modèle de paix illusoire à Annapolis avec sa formule “deux Etats pour deux peuples” et tout dernièrement; l’action incomplète contre le régime du Hamas à Gaza après une longue période d’hésitation – ont renforcé leur conviction qu’Israël peut être, et sera détruit.
Le Centre Beguin Sadat (BESA), qui suit de près l’évolution de ce problème, a pour sa part publié ces jours derniers une étude du Prof. Efraim Inbar où ce dernier démontre que le fameux concept affirmant que la solution du conflit palestino-israélien passerait par la création d’un Etat palestinien s’est avéré illusoire.
Il préconise à la place une approche régionale selon laquelle, durant une période transitoire, les territoires palestiniens seraient liés administrativement et militairement à la Jordanie pour ce qui est de la Judée et la Samarie, et à l’Egypte pour la bande de Gaza. De plus, une coopération régionale et internationale, pour assurer un développement économique accéléré dans ces territoires pourrait faire en sorte que le conflit, puisse être maîtrisé et “géré”pacifiquement durant cette période transitoire.
Certes cela exige une action diplomatique d’envergure pour atteler l’Egypte et la Jordanie à un tel projet, mais c’est là, à long terme, une solution possible du conflit. Les Palestiniens jouissant d’une situation économique confortable, pourraient à la longue, être influencés par le réalisme de l’Egypte et de la Jordanie avec qui Israël est lié par un pacte de coexistence pacifique.
Il faut espérer que la nouvelle équipe gouvernementale aura soin de faire siennes ces constatations et, dans un souci de trouver une véritable solution au conflit, de s’atteler à neutraliser sa cause fondamentale, à savoir le refus palestinien de l’existence même d’Israël.
Les moyens pour cela devront évidemment inclure selon toute logique : une force de dissuasion militaire active et intransigeante et le refus de l’établissement d’un Etat palestinien tant que les Palestiniens ne se résignent pas à une coexistence pacifique avec Israël.
* Dr.Zvi Tenney
Ambassadeur d'Israel (ret)