Quand Abbas tente de masquer sa
véritable position
Condolezza Rice, l'ancienne
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de Georges Bush, avait rapporté dans un ouvrage publié l'an
passé, "No higher honor", une conversation avec Mahmoud Abbas lors d'un
voyage à Ramallah en mai 2008. Ce dernier lui aurait expliqué, suite à l'offre
de paix d'Ehoud Olmert, alors premier ministre: "Je ne peux pas dire à 4
millions de Palestiniens que seuls 5.000 d'entre eux pourront renter chez
eux." C'était une façon d’exprimer le refus palestinien d'une offre de paix
israélienne pourtant "très généreuse": Olmert ratifiait un retrait à peu près
total d'Israël sur les lignes d’avant juin 1967 et concédait la division de
Jérusalem.
Interrogé le 7 juillet
dernier sur la seconde chaîne israélienne, Abbas nia totalement cette
conversation .avec Condolezza Rice : "4 millions ?... je n'ai
absolument pas dit ça... Cette conversation n'a jamais existé.".
Insistant, l'interviewer
israélien, Dany Koshemaro, évoqua alors un autre entretien datant de mai 2009 et
rapporté par Jackson Diehl rédacteur en chef adjoint du "Washington Poste", où
Abbas avait justifié son refus de signer la paix estimant insuffisante l'offre
d'Olmert. "Le fossé est encore très profond" avait-il déclaré. Abbas nia
également le rapport de ces propos: "Je n'ai pas dit ça."
A la suite de cette interview
télévisée, la réponse de Rice fut claire et immédiate. Le 10 juillet, quelques
jours après l’interview, elle fit déclarer par son assistante, Georgia Godfrey:
"Dr. Rice maintient son compte rendu de la conversation et ce qu'elle a écrit
dans son livre".
Jackson Diehl pour sa part a
précisé (rappelant la présence d'un témoin): "Je maintiens l'article que j'ai
écrit en 2009 sur l'entretien que nous avons eu mon collègue Fred Hiatt et
moi-même, ainsi que toutes les citations qu'il contient."
Ainsi, faut-il le
rappeler, après Yasser Arafat en septembre 2000 à Camp David puis en janvier
2001 à Taba, Mahmoud Abbas le "modéré"a donc bien refusé en mai 2008 une offre
concrète de paix incluant le retour presque total d’Israël aux lignes d’avant
juin 1967 y compris le partage de Jérusalem.
Faut-il le souligner une fois
de plus, le conflit israélo-palestinien n'est donc pas un conflit territorial
que l'on pourrait régler par la fameuse formule "la paix contre les
territoires".
En effet alors que le Hamas
déclare ouvertement que l’objectif des Palestiniens est l’anéantissement de
l’Etat d’Israël par la lutte armée, Mahmoud Abbas lui, représentant les
Palestiniens "modérés", a en fait exactement le même objectif, différant du
Hamas par le choix des moyens pour y parvenir .Ne déclare-t-il pas qu’il ne peut pas renoncer au droit au retour en
Israël des millions de réfugiés
palestiniens ?. "Je ne peux pas leur dire qu'ils ne pourront pas rentrer chez
eux." Une exigence qui signifie en clair la disparition d'Israël comme État
juif.
Ainsi donc aussi bien pour
les Palestiniens extrémistes que pour ceux "modérés" que représente Abbas, la
paix ne signifie pas "l'existence de deux Etats, l’un juif et l’autre
palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité", selon la
formule consacrée, mais bien la disparition pure et simple d’Israël.
C'est d'ailleurs là,
semble-t-il, la raison des multiples préalables que Mahmoud Abbas oppose
aujourd’hui à toute reprise de négociation, la rendant impossible et prévenant
ainsi tout risque de signer un accord qui "mettrait fin définitivement au
conflit", renonçant ainsi à son objectif fondamental dans ce conflit.
Le monde occidental rendrait
un fier service aux Palestiniens s’il leur faisait comprendre qu’une telle
position qui dénie le droit d’existence d’Israël, refusant tout accord avec lui,
ne les mènerait nul part. Cela d’autant plus que le statut juridique de la Judée
et de la Samarie au regard du Droit international (comme l’a définit
dernièrement la Commission Lévy) laissait à Israël le droit de continuer d’y
installer des implantations de sorte que, comme les avait déjà prévenu le roi
Hussein de Jordanie, il n’y aura plus bientôt assez de terres pour y
établir un Etat qui, de toute façon et dans le meilleur des cas, reste
extrêmement problématique .
Le retour à un rapprochement
des Palestiniens de Cisjordanie avec la Jordanie et ceux de Gaza avec l’Egypte
et cela sous forme de confédération, ne serait-il pas la meilleure solution pour
eux ?
Z.T.
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