La famille Cohen Tanugi
Les ouvrages consultés, notamment
" Malkhei Tarshish" et "Pinkas Hakehilot" parlent d 'elle en ces termes: "…famille
tunisienne d'érudits ,de rabbins ,de
juges et de gouverneurs … L' ajout Tanugi au nom Cohen ,indique
que l'ancêtre de cette famille qui s'installa à Tunis était originaire
de Tanger."
Le premier connu de cette famille est le rabbin Ismaël Cohen-Tanugi qui
vécut au 16ème siècle .On rappelle entre autres qu 'il est l'auteur
d'une exégèse remarquable du Talmud ,"Sépher Ha Zikaron" ,une
sélection clairement expliquée des fondements du Talmud à l'usage "des
travailleurs qui ne peuvent consacrer qu'un temps limité à l'étude de la Torah
".
Cette œuvre achevée en 1543 et publiée
à Ferrare en 1555 a déclenché une telle polémique que Rabbi Ismaël a du
s'expatrier et s'installer au Caire où il fut pour quelques années le Grand
Rabbin ,(Ci- dessous la photocopie de la page de garde de cette œuvre)
Une autre grande figure de cette
famille est Yeouda Cohen-Tanugi , venu d'Algérie s'installer à Tunis et
qui en 1699 fut mandaté par le Bey Morad III à négocier un traité de
coopération avec les Etats Généraux de Hollande ,traité signé en 1708.
Un de ses descendants, le rabbin Yeoushoua
Cohen-Tanugi (1716-1796 ) fait amplement parler de lui. Il est nommé
"Naguide et Caïd"(juge et gouverneur) de la Communauté juive en
Tunisie en 1746, alors qu'il n'avait que
30 ans .
Tous les témoignages écrits qui nous
sont restés indiquent que " c'était
un homme érudit d'une intelligence mordante, riche et puissant qui, par son action, a contribué énormément à
élever le statut de ses frères juifs soumis, à l'époque à la pauvreté et aux
persécutions." .
A l'âge de 80 ans, en 1796, il décide
de "monter" à Jérusalem où il est décédé trois mois après son
installation en Eretz-Israël.
Son fils, Moshé Cohen-Tanugi que les
chroniques décrivent en termes élogieux comme étant" …"le Gvir (homme
riche et important ) fils du Caïd et
descendant de l'Ambassadeur en Hollande" était ,semble-t-il ,
l'aïeul de Zvi Tenney (Cohen Tanugi). Son
grand - père paternel Shalom Cohen-Tanugi (1855-1931) qui hérita de
son père Moshé (petit fils du susdit
"Gvir" Moshé ) d' une fortune importante.
Shalom que
l'on surnommait " Cohen lahmar", (le rouquin aux yeux bleus) avait
été parmi ceux qui accueillirent avec enthousiasme le Protectorat français en
Tunisie .Il fut envoyé à l'Ecole des Frères pour y apprendre le français.
.Il fit construire dans le quartier
moderne de la ville un Palais luxueux
(aujourd'hui "Le Palais des Sociétés françaises" ) pour y loger toute sa famille. A ce propos sa grand-mère Elise
(la femme de Shalom) racontait,
offusquée, la médisance des gens qui faisaient courir le "mensonge "
qu'elle chaussait au Palais des
"Sabots en or” , expliquant que
cela eut été un grave "pécher
d'orgueil devant Dieu".
Mais le caractère prodigue du
Grand-père Shalom de même que la
mort prématurés de son fils aîné , Moshé, qui gérait une partie de cette fortune dans le négoce
international de thé, ont fait que cette
fortune fut en grande partie dilapidée de son vivant.
Les écrits rappellent d'autres Cohen-Tanugi
célèbres ,Rabbins ,Dayanim (Juristes) , Ecrivains, tous apparentés les uns aux
autres ,comme par exemple :
Rabbi Shlomo Cohen-Tanugi ,
Dayan et Kabaliste, mort en 1808
sans laisser de descendants et qui est l' auteur d'une exégèse de la Kabala ,
"Keren Hatsvi ".
Rabbi Yéouda Cohen-Tanugi ,
Dayan et auteur de nombreuses œuvres théologiques et littéraires : "Eretz
Yeouda" ," Mahané Halévia", "Zéra Abraham" et d'autres
œuvres de commentaires juridiques.
A un âge
avancé ,il "monta " en Eretz Israël et s'installa à Safed où
il mourut après y avoir vécu vingt trois
ans .Son dernier livre "Adamat
Yeouda " qu'il termina à Safed fut imprimé à Livourne en 1828 .
.L'épopée Sioniste de la
famille et le retour en Eretz-Israel
Le
premier de la Famille à "retourner" en Eretz-Israel a été, comme on l’a
vu, Yeouchoua Cohen-Tanugi qui en 1796 quitte Tunis pour s’installer à
Jérusalem.
Vers
1827 Yeouda Bar Avraham Cohen-Tanugi quitte, à son tour, Tunis et s'installe à
Safed où il publie le dernier de ses écrits :"Adamat Yeouda"
("La Terre de Judée").
Un
siècle après, en 1928, plusieurs membres de la famille se joignent au Mouvement
Sioniste qui se crée à Tunis.
Hercule Tuil (Yeouda Nir) "monte" le
premier en Eretz-Israel en 1935 pour y créer avec un groupe de jeunes pionniers
le Kibbutz Gan-Shemuel.
A remonter ainsi l'histoire de la famille, on ne peut
s'empêcher de penser à une "Grande
Boucle" qui se serait refermée
:..Certains descendants d'un Cohen,
chassé de Jérusalem en ruine il y a deux mille ans,…se réinstallent en Israël
et participent à sa reconstruction !
.