samedi 21 décembre 2013

Israël et les changements en cours au Moyen Orient


Israël et les changements en cours  au Moyen Orient *

Il existe actuellement au Moyen-Orient trois alliances de facto, clairement discernables et pour la première fois en un demi-siècle, aucun de ces blocs  n’est clairement engagé aux côtés des Etats-Unis..

Le premier bloc est dirigé par l’Iran, et comprend Assad en Syrie et le Hezbollah au Liban. L’ambition iranienne, comme elle le déclare de façon claire, est de remplacer les Etats-Unis, en tant que puissance dominante dans la zone riche en ressources énergétiques du Golfe en essayant de former une alliance d’Etats pro-iraniens, allant de la frontière iranienne à la Méditerranée.

Pour souligner et assurer cette progression contre les actions qui viseraient à l’en empêcher, l’Iran  oeuvre à obtenir l’arme nucléaire. De plus pour parer au déficit de légitimité dont souffre au sein du monde arabe, la minoritéchi’ite à laquelle  elle appartient, l’Iran proclame bruyamment qu’elle est le champion de la destruction d’Israël. L’Iran espère ainsi rallier les masses sunnites arabes à sa cause, par le moyen de cet objectif si cher à leur cœur.

Le deuxième bloc est constitué par la Turquie, le Qatar, le Hamas et les Frères Musulmans. C’est l’alignement islamiste sunnite qui, il y a environ un an, semblait en marche à travers toute la région, comme première conséquence des soulèvements populaires  dans le monde arabe.
Mais 2013 a constitué une année d’échec pour les Frères Musulmans qui ont perdu le pouvoir en Egypte et en Tunisie.

L’échec  de ce bloc a mis en évidence la troisième alliance dans la région, celle du bloc constitué par l’Arabie Saoudite, la Jordanie et les pays du Conseil de Coopération du Golfe, à l’exclusion du Qatar. C’est le bloc des monarchies conservatrices sunnites arabes qui n’ont pas été atteint par la vague d’agitation populaire dans le monde arabe. Les Saoudiens sont   terrifiés à l’idée d’un Iran nucléaire et de sa domination qui s’en suivrait dans le Golfe et les régions voisines.
Israël de son coté, consciente  de la menace iranienne, est devenu  de fait, un allié objectif et non déclaré de ce bloc dirigé par l’Arabie Saoudite.

Alors qu’au Moyen Orient tout le monde comprend  la nature de ce grand changement qui s’y opère, il n’en est pas de même en Occident .Il semble qu’aux  Etats-Unis et en Europe on  ne parvient  pas encore à saisir la nature de cette dynamique  en cours dans la région.
Le discours y demeure rempli d’espoirs vains et auto suffisant, d’une "nouvelle ère", qu’incarnerait le Président Rouhani d’Iran. On y est, bien sûr, focalisé sur le conflit palestino-israélien, insoluble et traînant en longueur et on y cultive surtout la nostalgie du "Printemps arabe", et l’espérance qu’une nouvelle vague de "manifestations démocratiques", est encore à venir.
 En attendant étant  simplement fatigués, on éprouve un certain désir de se désengager.

Les Saoudiens ont jusqu’ici plutôt bien manœuvré, en faisant bon usage de leur argent et de leur influence politique, contre les Frères Musulmans.Leur soutient à l'Egypte du Général Al-Sissi qui a permis le  succès de ce dernier, en est la preuve.
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Mais, contre les Iraniens, qui savent parfaitement utiliser le pouvoir des armes avec une grande efficacité, comme ils le démontrent, chaque jour, en Syrie, les monarchies sont dans une posture de faiblesse. Les Saoudiens peuvent agir dans l’arène politique, mais ont un palmarès assez faible en matière de montage d’insurrections.
Cela n’importait pas beaucoup à l’époque où ils faisaient  partie d’une coalition pro-américaine dans la région,. Oncle Sam s’occupait de tenir à bonne distance les "mauvais garçons". Mais actuellement  Oncle Sam n’est plus dans le coup.

Cela fait d’Israël, l’allié inavouable, le seul acteur, ayant à la fois la volonté et la capacité de déployer effectivement ses forces contre les Iraniens et leurs alliés, comme il l’a démontré, plus d’une fois, en franchissant l’espace aérien syrien, au cours de cette dernière année.

 Un conflit généralisé pour une domination régionale est donc à prévoir. Ce combat et ses conséquences fixeront ce que sera le Moyen-Orient dans l’ère qui suivra la longue Pax Americana qui  maintenait ,depuis 1973 dans la région, son efficace emprise,


Z.T.

* (Basé sur l’exposé de Jonathan Spyer au Centre des affaires internationales à Herzelia )




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