Israël et les changements en cours
au Moyen Orient
*
Il existe actuellement au Moyen-Orient
trois alliances de facto, clairement discernables et pour la première
fois en un demi-siècle, aucun de ces blocs
n’est clairement engagé aux côtés des
Etats-Unis..
Le premier bloc est dirigé par l’Iran, et
comprend Assad en Syrie et le Hezbollah au Liban. L’ambition iranienne, comme
elle le déclare de façon claire, est de remplacer les Etats-Unis, en tant que
puissance dominante dans la zone riche en ressources énergétiques du Golfe en
essayant de former une alliance d’Etats pro-iraniens, allant de la frontière
iranienne à la Méditerranée.
Pour souligner et assurer cette
progression contre les actions qui viseraient à l’en empêcher, l’Iran oeuvre à obtenir l’arme nucléaire. De plus
pour parer au déficit de légitimité dont souffre au sein du monde arabe, la
minoritéchi’ite à laquelle elle appartient, l’Iran proclame bruyamment qu’elle
est le champion de la destruction d’Israël. L’Iran espère ainsi rallier les
masses sunnites arabes à sa cause, par le moyen de cet objectif si cher à leur
cœur.
Le deuxième bloc est constitué par la
Turquie, le Qatar, le Hamas et les Frères Musulmans. C’est l’alignement
islamiste sunnite qui, il y a environ un an, semblait en marche à travers toute
la région, comme première conséquence des soulèvements populaires dans le monde
arabe.
Mais 2013 a constitué une année d’échec
pour les Frères Musulmans qui ont perdu le pouvoir en Egypte et en
Tunisie.
L’échec de ce bloc a mis en évidence la troisième
alliance dans la région, celle du bloc constitué par l’Arabie Saoudite, la
Jordanie et les pays du Conseil de Coopération du Golfe, à l’exclusion du Qatar.
C’est le bloc des monarchies conservatrices sunnites arabes qui n’ont pas été
atteint par la vague d’agitation populaire dans le monde arabe.
Les
Saoudiens sont terrifiés à l’idée d’un
Iran nucléaire et de sa domination qui s’en suivrait dans le Golfe et les
régions voisines.
Israël de son coté, consciente de la menace iranienne, est devenu de fait, un allié objectif et non déclaré de
ce bloc dirigé par l’Arabie Saoudite.
Alors qu’au Moyen Orient tout le monde
comprend la nature de ce grand
changement qui s’y opère, il n’en est pas de même en Occident .Il semble
qu’aux Etats-Unis et en Europe on ne parvient
pas encore à saisir la nature de cette dynamique en cours dans la région.
Le discours y demeure rempli d’espoirs vains et auto suffisant, d’une "nouvelle ère",
qu’incarnerait le Président Rouhani d’Iran. On y est, bien sûr, focalisé sur le conflit
palestino-israélien, insoluble et traînant en longueur et on y cultive surtout
la nostalgie du "Printemps arabe", et l’espérance qu’une nouvelle vague de
"manifestations démocratiques", est encore à venir.
En attendant étant simplement fatigués, on éprouve un certain
désir de se désengager.
Les Saoudiens ont jusqu’ici plutôt bien
manœuvré, en faisant bon usage de leur argent et de leur influence politique,
contre les Frères Musulmans.Leur soutient à l'Egypte du Général
Al-Sissi qui a permis le succès de ce dernier, en est la
preuve.
.
Mais, contre les Iraniens, qui savent
parfaitement utiliser le pouvoir des armes avec une grande efficacité, comme ils
le démontrent, chaque jour, en Syrie, les monarchies sont dans une posture de
faiblesse. Les Saoudiens peuvent agir dans l’arène politique, mais ont un
palmarès assez faible en matière de montage d’insurrections.
Cela n’importait pas beaucoup à
l’époque où ils faisaient partie d’une
coalition pro-américaine dans la région,. Oncle Sam s’occupait de tenir à bonne
distance les "mauvais garçons". Mais actuellement Oncle Sam n’est plus dans le
coup.
Cela fait d’Israël, l’allié inavouable, le
seul acteur, ayant à la fois la volonté et la capacité de déployer effectivement
ses forces contre les Iraniens et leurs alliés, comme il l’a démontré, plus
d’une fois, en franchissant l’espace aérien syrien, au cours de cette dernière
année.
Un conflit généralisé pour une domination régionale
est donc à prévoir. Ce combat et ses conséquences fixeront ce que sera le
Moyen-Orient dans l’ère qui suivra la longue Pax Americana qui maintenait ,depuis 1973 dans la région, son
efficace emprise,
Z.T.
* (Basé sur l’exposé de
Jonathan Spyer au Centre des affaires internationales à Herzelia
)
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