L’islamisation de la Turquie semble bien être un développement irréversible.
Le « Parti pour la justice et le développement », AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi) au pouvoir en Turquie depuis 2002 a procédé à un glissement progressif du pays vers l’islamisation.
Aujourd’hui, après les dernières élections, il est clair que la République laïque établie par Atatürk en Turquie, appartient au passé.
Certes, l’AKP n’a pas obtenu la majorité des deux tiers au Parlement qui lui aurait permis de modifier la Constitution et de fonder une République islamique, mais elle n’en est pas très loin. Il lui suffira de rallier quelques députés d’autres partis pour parvenir à ses fins.
On peut donc s’attendre à une nouvelle Constitution turque d’ici la fin de l’année et sans doute à une présidentialisation du pouvoir. Il semble déjà que les forces armées qui ont été traditionnellement « Garants de la Constitution laïque » sont aujourd’hui infiltrées par des agents islamiques, et ce n’est sans doute qu’un début.
Il est clair que sous l’impulsion de l’AKP la Turquie a pris ses distances avec le monde occidental pour se rapprocher de plus en plus de ses voisins arabes avec la nette ambition de se mettre à la tête du Moyen Orient et du monde musulman. Plus encore, la Turquie semble vouloir s’aligner sur les forces radicales islamiques se rapprochant ainsi de l’Iran, des Frères musulmans en Egypte, du Hamas à Gaza et du Hizballah au Liban.
Le virement des relations intimes qu’avait Israël avec la Turquie auquel nous sommes témoin n’est donc pas du au comportement d’Israël dans ses relations avec le monde arabe mais bien à cette nouvelle orientation de la politique étrangère turque sous l’impulsion du parti AKP au pouvoir.
Dans ces conditions il va de soit que les orientations islamiques de la politique étrangère de la Turquie vont elles-mêmes évoluées en conséquence. Nombreux sont ceux qui estiment qu’au Proche-Orient se formera bientôt une coalition qui inclurait l’Iran, la Turquie, l’Egypte, Gaza, le Liban, la Syrie, (qu’Asad reste en place,ou qu’il soit remplacé par des proches des Frères musulmans).
Les conséquences pour Israël sont évidentes : Au fur et à mesure que s’écoulent les jours, se confirme l’idée que les tentatives de «rapprochement » entre la Turquie et Israël n’étaient qu’un acte tactique ponctuel de la part du gouvernement d’Erdogan. Cela s’est avéré clairement lors des déclarations de ce dernier à la clôture d’un congrès palestinien à Istanbul il y a quelques jours. A ses dires : « Les relations avec Israël ne pourront s’améliorer qu’après que ce Pays aura présenté ses excuses pour les victimes qu’il a causées en attaquant le Mavi Marmara ,payé des indemnités et levé le blocus maritime sur Gaza ».
Rappelons que la coopération entre la Turquie et l’Iran a connu un essor considérable ces dernières années sur les plans économique, militaire, commercial énergétique et stratégique. On estime aujourd’hui à 15 milliards de dollars le volume des échanges entre les deux pays.
Ahmet Davutoglu effectue actuellement une tournée dans d’autres pays du Moyen Orient, afin de discuter des développements politiques dans la région et principalement de la situation en Syrie. Dans ce cadre, il s’est déjà rendu en Egypte, en Libye et en Arabie Saoudite.
Lors de la conférence de presse qu’il a accordée à l’issue de cette visite, il a précisé, « que la Syrie était un pays ami, cher à la Turquie et à l’Iran », et « que ces trois pays formaient une seule et même famille ».
Il est donc évident que des excuses de la part d’Israël au sujet des événements du « Mavi Marmara » n'auraient changé en rien la politique anti-israélienne de cette Turquie qui s’achemine de plus en plus vers un régime islamique et autoritaire.
Comme le mentionne le Prof.E. Inbar dans son étude sur le sujet publiée dernièrement par le centre de recherche « Begin-Sadat » (BESA), Israël ne devrait pas hésiter à adopter une politique nettement critique envers le gouvernement d’Erdogan sous peine d’être perçu comme faible et désemparé.
Face à cette situation qui émerge sous nos yeux, seule une dissuasion israélienne dans tous les domaines qui serait nettement perçue par tous ses voisins et en premier lieu par la Turquie, pourrait permettre d’éviter un confit régional d’une gravité sans précèdent.
Parallèlement Israël se doit de continuer d’informer l’opinion publique turque de ses positions car une large partie de ce public ne soutient pas l’AKP et marque de sérieuses réserves quant aux tendances islamistes de son gouvernement. Le capital de sympathie pour Israël qui existe encore au sein cette élite turque laïque intellectuelle et militaire n’est parait-il pas négligeable…Et c’est là une lueur d’espoir pour l’avenir de la région.
Z.T.
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